mercredi 6 janvier 2016

Refugees Welcome!


En Autriche, devenue plus ou moins le centre de l’Europe depuis le dernier élargissement de cette dernière à l’Est, la crise des réfugiés a commencé bien avant qu’on en ait conscience en France, et continue aujourd’hui, quand notre pays est passé à autre chose. Plus de 500 000 migrants ont franchi ses frontières depuis le début de l’année 2015, dont la majorité n’a fait que transiter – seul 63 000 ayant fait une demande d’asile. Plusieurs milliers continuent chaque jour à entrer en provenance de Slovénie et de Croatie – maintenant que la Hongrie de Viktor Orbán  a clôturé sa frontière méridionale. 

Centrale dans cette crise, L’Autriche ne l’est pas que géographiquement : passage obligé entre les Balkans et la terre promise qu’est devenue l’Allemagne, elle est le premier pays riche et stable de la route orientale vers l’Europe. Franchir sa frontière est donc un vrai soulagement pour ceux qui ayant fui leurs pays en guerre ou en faillite, passé en Grèce au péril de leurs vies, ont dû traverser les pays d’ex-Yougoslavie toujours à la peine de sortir de leur 20ème siècle tourmenté… C’est d’ailleurs la décision mi-juin de la Macédoine débordée par les migrants cherchant à quitter la Grèce (qui rappelons-le fait partie de l’espace Schengen sans avoir de frontière terrestre commune avec aucun autre membre) de leur accorder un visa de trois jours – le temps de traverser le pays vers la Serbie – qui a ouvert cette route, plus sûre que celle de la Méditerranée. 

Si l’Autriche souffre du flou des compétences respectives de ses Bundesländers et de l’état fédéral dans les affaires exceptionnelles comme l’accueil de réfugiés, d’un gouvernement de coalition (sociaux-démocrates du SPÖ et conservateurs de l’ÖVP) aux discours et actions parfois contradictoires et du poids d’une extrême droite décomplexée, la société civile n’a pas attendu pour réagir à l’arrivée des migrants. Un réseau de solidarité informel s’est vite mis en place pour gérer la situation humanitaire et faire pression sur les pouvoirs publics trop peu réactifs. Outre la prise en charge des nouveaux arrivants à la frontière hongroise, les actions se sont d’abord portées sur l’amélioration des conditions de vie dans le camp de réfugiés de Traiskirchen – près de Vienne –, ouvert depuis la seconde guerre mondiale, ayant accueilli successivement Hongrois, Tchécoslovaques, Vietnamiens, Yougoslaves au gré des soubresauts de l’histoire – et privatisé dans des conditions contestée en 2003. 

Tout l’été, des volontaires sont venus apporter nourriture, vêtements, couvertures et médicaments dans les grandes gares viennoises transformées en camps de transit, ou simplement applaudir à l’arrivée des trains en provenance de l’est et participer à de nombreuses manifestations et actions de soutien. Les réfugiés se sont mêlés aux centaines de milliers de touristes qui sillonnent la capitale autrichienne et font la richesse du pays, avant de reprendre leur périple vers l’Allemagne ou la Suède, même si l’Autriche et ses 8,5 millions d’habitants reste le pays ayant le plus de demandeurs d’asile par habitant.

Publié dans Siné Mensuel N°49, Janvier 2016

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